Le domaine vital est en fait, la surface que parcourt un chat pour ses activités normales.

Le territoire se définit comme la surface comprise dans ce même domaine vital et qui est délimité par des marquages et défendu par l’animal. Mais ce concept ne s’applique pas vraiment au chat.

En effet, son territoire va davantage s’organiser autour de zones fonctionnelles appelées « champs territoriaux ».

Ces champs territoriaux, structure prépondérante pour l’équilibre comportemental du chat, seront associés à des comportements précis. Ils seront délimités par des marquages associant des signaux visuels et olfactifs, notamment phéromonaux mais leur défense dépendra des conditions écologiques, du niveau de la socialisation de l’animal, de son état physiologique et également de son état émotionnel.

De plus, chaque champ ne sera pas délimité de manière fixe et peut donc varier.

Avec le chat, le principe du premier arrivé, premier servi est donc de rigueur !

Ces champs sont également reliés par tout un réseau de voies de passage que le chat organise lui-même au cours de ses activités exploratoires.

Il s’établit progressivement et tend à se stabiliser pour ne plus varier. Ce réseau de voies de passage est figé et complexe, son utilisation est codifiée et organisée afin d’éviter les rencontres.

Seuls des bouleversements environnementaux ou des troubles comportementaux modifient les itinéraires du chat.

Les champs d’activité

Les champs d’activité sont des espaces correspondant à une activité spécifique.

  • Les champs de chasse dont le nombre est variable car chaque proie (souris, oiseau…) se trouve dans un biotope particulier
  • Le champ d’alimentation qui peut être différent des champs de chasse
  • Les champs d’élimination
  • Les champs de reproduction
  • Les champs de jeu
  • Les champs consacrés à l’interaction avec des sujets d’autres espèces.

La propreté reconnue du chat est une conséquence de cette organisation territoriale : il suffit de le mettre une fois dans sa litière pour qu’il en fasse son champ d’élimination spécifique.

Ces champs sont plus ou moins défendus contre les intrusions des congénères selon le type d’activités.

Chez les mâles, les territoires seront plus grands et leur domaine vital peut inclure les territoires de plusieurs femelles surtout lors de la période de reproduction.

Les territoires des femelles sont souvent partagés entre plusieurs femelles ou peuvent se chevaucher.

Chez les chats qui vivent en liberté, la taille du territoire dépendra de l’intensité de la population et de la nourriture disponible.

Dans les champs de jeu, les autres chats sont évidemment tolérés quand il s’agit de jeux sociaux. Lors de jeu solitaire, un autre individu peut ne pas être accepté

Les champs de reproduction sont des champs d’intolérance et deviennent des champs d’agression lors de la reproduction.

Ils sont défendus jalousement contre l’intrusion des individus de même sexe, mais autorisés au sexe opposé en état physiologique adéquat.

Les champs de chasse et prédation peuvent également devenir des lieux d’intolérance, particulièrement si la nourriture vient à manquer.

Le champ d’élimination est un espace personnel situé dans un endroit calme et loin de toute circulation et interactions mais surtout présentant un sol meuble. Il est délimité par du marquage par griffade.

Ces règles peuvent être modifiées en cas de surpopulation : des troubles comportementaux (anxiété de cohabitation par exemple) provoqueront des agressions répétées dans pratiquement tous les champs territoriaux.

Les champs d’isolement

Ces champs sont de lieux où le chat se retire pour éviter les interactions, ils incluent les lieux de couchage, de repos et de refuge. Chez des individus dont la socialisation est imparfaite, pratiquement tous les champs entrent dans cette catégorie, y compris les zones d’élimination.

Déranger un chat inconnu dans son champ d’isolement peut déclencher une agression.

Les lieux sont généralement situés en hauteur et leurs nombres dépendent du nombre de chats. Le marquage de ces champs se fait par griffades verticales sur un objet bien visible et est entretenues régulièrement.

Dans ces champs, la tolérance aux contacts est très faible mais il peut y avoir des exceptions. Les mâles stérilisés ou les femelles peuvent s’associer à un congénère de même sexe dont la présence est apaisante. Ils dorment ensemble et forment ce que l’on nomme une « fraternité » et peuvent partager un champ d’isolement

Les champs d’agression

Le champ d’agression ne peut pas être considéré comme un vrai champ territorial, mais correspond au volume délimité par la distance critique d’Edward T. Hall.

« Les êtres vivants maintiennent de multiples espacements spécifiques entre individus d’une même espèce, espacement qui sont distincts de ceux maintenus avec ceux d’autres espèces. » 

Ce champ est une portion d’espace essentiellement centrée sur l’individu et où la probabilité d’agression est maximale. L’agression varient en fonction de la sociabilité du chat et de son état physiologique et émotionnel et ont pour origine l’irritation ou la peur.

Ce champ d’agression s’amplifie lorsqu’un chat souffre (gingivite, arthrose…).

Alors le chat est-il un animal territorial ?

Il ne faut pas se faire du territoire du chat une image rigide et figée (comme le plan d’une maison par exemple) : les champs territoriaux sont évolutifs et adaptables en fonction des circonstances.

On ne peut pas dire qu’il existe un territoire défini et défendu activement.

et aucun chat ne patrouille activement pour défendre ce territoire.

Il n’y a ni proclamations visuelles, ni olfactives et encore moins sonores …

Les marquages relevés ne sont pas des marquages répulsifs comme des pancartes à l’entrée des lieux d’isolement mais plutôt des marquage « Tinder » pour signaler la présence et « l’état d’esprit ».

La vie au contact de l’humain est souvent l’occasion de bouleversements écologiques imperceptibles pour nous mais majeurs pour les chats. La disparition de leurs marques faciales va désorganiser leur territoire, augmenter leur anxiété et faciliter l’apparition de réponses agonistiques.

On peut également comprendre aisément les conséquences psychiques d’une arrivée dans une salle de consultation vétérinaire :  les odeurs, les marquages de plusieurs espèces, les bruits, tout concourt à stresser le chat.