Au-delà de nos regards, quelle relation le monde animal entretient-il avec l’humain ? Comment parviennent-ils à communiquer avec nous

Si nous  regardons nos chats avec nos yeux d’humains, eux aussi nous observent avec leurs yeux d’animaux. « On fait de l’anthropomorphisme, et on pourrait dire que le chat fait du félimorphisme, Chaque espèce va déchiffrer les actions de l’autre au travers de ses propres perceptions et sa subjectivité.

Sans accès à un langage inter espèce, les scientifiques sont contraints de faire « des inférences » sur le comportement ou les pensées d’un animal.

« Chaque espèce émet des hypothèses. On déduit des choses à partir du comportement de l’autre, avec le risque d’être confronté à des interprétations erronées puisqu’on ne peut ni confirmer ni infirmer ce que l’on pense. »

Pour interpréter au mieux, ce que pensent les chats, différentes techniques sont à disposition des chercheurs : l’analyse comportementale, évidemment, mais aussi l’eye-tracking ou l’IRM.

On regarde quelles zones du cerveau s’activent, si ce sont les mêmes zones que chez l’humain. Par exemple, on sait que les zones dédiées à la reconnaissance des visages humains chez les chats ne sont pas les mêmes que celles activées lorsqu’ils regardent des visages de congénères. »

« Apprentissages par essai-erreur »

Cependant, un problème persiste : nous n’avons ni accès à leur langage ni accès à un langage commun — à de rares exceptions près, quelques primates pouvant apprendre la langue des signes. Il y a des stratégies comportementales qui se mettent en place où le chat réalise que l’humain n’a pas compris ce qu’il voulait dire mais ce ne sont que « des apprentissages par essai-erreur» où l’animal teste des solutions jusqu’à en dénicher une qui fonctionne… Ou une à ne pas refaire.

La plupart des espèces n’ont pas de notion de moralité. « Chez les primates, il y a des prémices de moralité. Mais pas chez le chat… Il a fait quelque chose de mal, il est puni, donc il sait qu’il ne doit pas recommencer. » Et cela s’arrête là.

Ce stratagème s’applique aussi à la communication.

« Les miaulements du chat ont été développés pour communiquer avec l’être humain, ils apparaissent très peu entre chats »

Pendant très longtemps, le commun des mortels pensait que le chat était incapable de reconnaître la voix de l’homme, et que c’était là la raison pour laquelle il ignorait souverainement son maitre lorsqu’il l’appelait et lui parlait.

 Eh bien c’était faux

Une étude japonaise tend en effet à prouver que les chats savent différencier le son de la voix de leur(s) humain(s). 

S’ils n’y répondent pas, c’est qu’ils n’en ont pas envie, tout simplement !

Des chercheurs de l’Université de Tokyo ont réalisé des tests avec une centaine de chats différents, tous domestiques. Ils ont enregistré les voix de 3 inconnus les appelant par leur nom, la voix de leur maître, puis une nouvelle fois celle d’un étranger

Les mouvements de leurs oreilles, leur tête, leurs pattes et leur queue ont été observés, ainsi que leurs miaulements, et la dilatation de leurs yeux.

Le résultat ? Les chats ont tous réagi différemment lorsqu’ils ont entendu leur humain.

Mais ils ne sont pas pour autant levés pour le chercher.

« Ces résultats montrent que les chats ne réagissent pas activement et ne manifestent pas un comportement communicatif lorsque leurs maîtres les appellent et sont en dehors de leur champ de vision, même s’ils peuvent distinguer leurs voix » expliquent les chercheurs.

« Cette relation chat-maître est en contraste avec celle qu’ont les chiens avec leurs propriétaires » soulignent-ils.

Elle résulte selon eux de la différence entre la domestication des chats et celle des chiens. Les humains ont depuis des millénaires activement domestiqués les chiens, et leur ont appris à répondre à de nombreux ordres.

Les chats, eux, « se sont eux-mêmes domestiqués« .

Pour quelqu’un qui partage sa vie avec un ou plusieurs félins, ce sera presque une évidence.

Un chat c’est intelligent, nous le savons

Bien sûr qu’il reconnaît son nom quand on l’appelle ! Mais ce n’est pas si simple.

Qu’est-ce qu’il identifie vraiment ? L’intonation ? Une voix familière ? Le mot en lui-même ? Un son qu’il a l’habitude d’entendre et qu’il associe à quelque chose de positif (caresse, nourriture, jeu…).

Bref, ils reconnaissent leur nom et la voix de leur propriétaire, mais contrairement aux chiens ils ont tendance à nous agacer lorsqu’ils nous ignorent.

Oui, nos chats nous ignorent !

Les chats aiment manifester de l’affection quand ils le veulent. Ils savent que vous les appelez, mais ils ne répondent pas s’ils ne sont pas intéressés par une démonstration d’affection à cet instant précis.

Ne vous inquiétez pas : ce n’est pas par dépit, il viendra à vous quand il sera prêt.

Les chats ne sont pas faits pour répondre aux signaux humains. 

Ils communiquent avec les humains quand ils le veulent bien

Et en à peine 10.000 ans de domestication (contre plus de 30.000 pour le chien), le chat a appris quelques trucs pour communiquer avec nous les humains.

Il a par exemple appris à miauler pour qu’on le comprenne.

Le son caractéristique du chat domestique, le miaulement, n’est presque jamais entendu dans les colonies de chats sauvages, sauf occasionnellement lorsque les mères chattes communiquent avec leurs chatons.

Les chats qui vivent avec les humains ont appris que miauler était un bon moyen d’attirer notre attention. Les chats miaulent pour nous.

Et certains d’entre eux vont même « développer un langage privé de miaulements que seuls leurs propriétaires comprennent, chacun d’entre eux signifiant quelque chose de différent en fonction de ce dont le chat a besoin. »