Les “phéromones pour chat” : mythe ou réalité ?
Beaucoup d’articles et de produits commerciaux évoquent les « phéromones » comme solution au stress félin.
Mais que dit vraiment la science ?
Cet article vous explique pourquoi ce terme est inadapté lorsqu’on parle du chat, et ce que l’on sait réellement sur sa communication tactile et chimique.
Qu’est-ce qu’une phéromone ?
On appelle communication chimique la transmission d’une information à l’aide d’un signal composé de molécules chimiques (Wyatt, 2014).
« Sémiochimique » est le terme générique correct scientifiquement pour parler des molécules chimiques impliquées dans la communication chimique.
Le terme « phéromone », créé en 1959 par les biologistes Karlson et Luscher, vient du grec pherein (« porter ») et horman (« stimuler »).
Leur étude a pour fondement initial l’observation et l’analyse de la communication chimique chez les insectes.
Les phéromones sont des substances chimiques, des molécules organiques, plus ou moins volatiles, sécrétées par un individu et reçues par un autre individu de la même espèce, chez qui elles induisent une réaction spécifique (Schaal et al., 2003).
Les critères scientifiques d’une phéromone
Beauchamp (1976) a établi une liste de critères devant être remplis pour qu’une substance suspectée puisse être considérée comme une phéromone. Il envisage d’étendre cette liste aux mammifères.
5 critères :
1️⃣ Les phéromones sont intraspécifiques, c’est-à-dire qu’elles n’ont d’effet que sur des individus de la même espèce que l’individu émetteur.
2️⃣ Les phéromones déclenchent un effet comportemental ou endocrinien très bien défini.
3️⃣ Du fait de leur spécificité d’espèce, l’effet induit par une phéromone est largement programmé génétiquement et ne résulte pas d’un apprentissage, même précoce.
4️⃣ Une phéromone implique un composé chimique simple ou peu complexe.
5️⃣ Seul le composé, dont on fait l’hypothèse que c’est une phéromone, doit déclencher la réponse comportementale ou endocrinienne observée.

Pourquoi parler de phéromone chez le chat est abusif
En résumé :
Une phéromone (ou phérormone, ou encore phérohormone) est une substance chimique émise par la plupart des animaux et certains végétaux, et qui agit comme un message entre les individus d’une même espèce (communication intraspécifique, à l’opposé des ectomones impliquées dans la communication interspécifique).
Ce composé sémiochimique transmet aux autres organismes des informations qui influencent la physiologie et les comportements (sexuel, maternel, agression, agrégation, pistage…).
Très actives, certaines phéromones agissent même en faible quantité, et elles peuvent être transportées et détectées à plusieurs kilomètres.
Le chat et les “phéromones”
Les chats possèdent une variété de glandes cutanées sécrétrices, dont la structure et la localisation exactes ne sont pas toutes encore bien connues.
De nature sébacée pour la plupart, elles permettent de sécréter des substances grasses (Bradshaw, 2012).
Concernant le chat, aucune étude n’a montré que les critères définissant une phéromone sont retrouvés dans les molécules que l’on a pu identifier et synthétiser.
Parler de phéromone chez le chat est donc abusif ou prématuré.

Le cas du lapin : un exemple démontré
Le seul mammifère chez qui il a été démontré l’existence de phéromones selon les 5 critères de Beauchamp est le lapin (Oryctolagus cuniculus), avec les phéromones mammaires présentes dans le lait, entraînant une réponse spécifique du lapereau : la recherche de la mamelle.
→ “Rooting” (Coureaud, Schaal, 2002).
Conclusion : rester rigoureux face aux discours commerciaux
En l’état actuel des connaissances, aucune phéromone n’a été analysée chez le chat.
Employer ce terme dans les produits ou discours commerciaux est donc abusif ou scientifiquement prématuré.
Vous souhaitez en savoir plus sur la communication du chat, ou comprendre comment accompagner un chat en situation de stress ou d’inconfort ?
Je vous guide avec une approche respectueuse des besoins et des comportements naturels du chat.
👉 Contactez-moi pour en discuter.
Nota bene :
Cet article a pour objectif d’informer le public sur l’état des connaissances scientifiques concernant la communication chimique chez le chat.
Il ne constitue pas une critique commerciale d’un produit ou d’une marque.