La socialisation du chat à ses congénères et à d’autres espèces va dépendre de :

La socialisation de la mère

La durée du maternage

Les chatons élevés par des mères mal socialisées sont souvent rejetés vers l’âge de 5 semaines alors que la relation d’attachement et d’apprentissage continue au moins jusqu’à 8 à 12 semaines avec des mères plus familières.

Il est facile de différencier ces deux types de chatons en utilisant le réflexe de portage.

On attrape le chaton par la peau du cou :

– S’il se recroqueville en position fœtale, en étant déconnecté des stimuli externes, on a affaire à un chat qui a bénéficié d’un contact long et bénéfique avec sa mère.

– En revanche, si la prise déclenche une hyperextension accompagnée de hurlements, les conditions du développement n’ont pas été optimales. Avant même d’envisager le traitement de l’agressivité du chat, notre premier rôle est préventif et doit consister à déconseiller l’adoption de ces animaux sauf par des personnes compétentes et prévenues de la difficulté.

 

Les périodes sensibles chez le Chat

En éthologie, une période sensible désigne une période pendant laquelle les événements vécus par un animal et les stimulations qu’il reçoit peuvent :

  • Faciliter ou déterminer l’acquisition de compétences particulières (sensorielles, par exemple)

Et / Ou

  • Influencer de façon prolongée, voire définitive, certains comportements.

La notion de période sensible concerne un comportement très spécifique ; elle a une durée bien délimitée, dont le début et le terme sont prédictibles ; elle constitue un créneau de développement, un peu comme une fenêtre de tir au-delà duquel le comportement en question peut ne pas être acquis. L’organisme est plus sensible, ou plus réceptif aux apprentissages très spécifiques pendant cette période particulière de son développement, même si ces apprentissages restent possibles (bien que plus difficiles) par la suite.

Les périodes sensibles apparaissent dans des circonstances particulières :

  1. Chez le fœtus ou chez le jeune animal :
  2. Lors du développement neurologique du chaton
  3. Lors de bouleversements hormonaux (comme celui de la testostérone, ou comme celui de l’ocytocine, après la mise bas, période sensible de l’attachement de la mère aux petits ;
  4. Chez l’adolescent ou l’adulte :
  5. Lors de bouleversements hormonaux,

Les périodes sensibles correspondent à un moment particulier du développement du système nerveux central.

C’est le stimulus de l’environnement qui provoque l’activation des récepteurs sensoriels (toucher, goût, odorat, vision). Une réaction en chaine se produit depuis les récepteurs vers le cerveau en passant par les cellules.

La qualité du cerveau dépendra directement des stimulations de l’environnement enregistré par les organes des sens.

La rencontre avec le stimulus influence la synaptogénèse , ce qui aboutit à des modifications structurales des capacités comportementales au cours de la période de remodelage (phase de réagencement synoptique).

Le début et la durée de ces périodes sensibles ne sont pas fixés de manière irrévocable.

Par exemple, la durée de la période sensible peut être rallongée chez les animaux en privation ou raccourcie dans un environnement riche en stimulations.

On considère que chez le chat , la période de socialisation primaire qui commence dès la 4ième semaine et se termine vers la 8ième semaine voir un peu plus, est une période sensible.

Les chatons acquièrent pendant cette période tous les éléments nécessaires pour se comporter  » normalement  » tout au long de leur vie.

La socialisation est en fait, le processus d’apprentissage des modalités de relations entre les individus d’un groupe.

Cette phase est cruciale car de sa mise en place découle le comportement ultérieur du chat vis-à-vis de ses congénères mais également vis-à-vis des autres espèces, humains y compris.

Toutes les stimulations vont laisser une marque indélébile sur le chaton

La socialisation intraspécifique correspond au processus d’identification de l’espèce. Cette imprégnation est un processus automatique, irréversible et spécifique. Il est également généralisable.

La socialisation interspécifique correspond à une familiarisation ou à une habituation avec des individus d’une autre espèce.

Contrairement à la socialisation intraspécifique, elle ne se généralise pas et est réversible.

La socialisation à l’espèce humaine par exemple, qui va conditionner la tolérance au contact et la qualité des interactions avec l’homme, doit être entretenue.

Si le chat est privé de contacts humains après la fin de la période sensible, il oublie et peut redevenir « sauvage ».

Certaines périodes sensibles sont liées à des phénomènes hormonaux.

La différenciation sexuelle en fait partie avec les effets activateurs du pic néonatal de testostérone à la puberté.

La puberté est une nouvelle période sensible, sous tendue par des modifications neurologiques et hormonales, le cerveau du chaton se métamorphose et ajoute à ses compétences celle de la motivation érotique, mais aussi l’autonomie, l’indépendance et les implications de sa future vie d’adulte.

Un manque ou une absence de contact ne va pas permettre la mise en place des autocontrôles par la mère. Elle joue un rôle éducatif actif en sanctionnant les excès du chaton par des tapes sur le museau ou en labourant de ses griffes le ventre du chaton. Là encore, le rôle du comportementaliste dans la prévention est primordial pour éviter l’hyper agressivité dit du « chat biberon » liée à l’absence totale de régulation apportée par les humains éducateurs.

 

Chez le chat, tout se joue dans les 3 premiers mois de sa vie.

Chez le chat, la période sensible de socialisation se termine à 8 semaines et le détachement a lieu :

Le chat peut alors s’attacher à son territoire , mais également, le plus souvent, à ses propriétaires.

Sa période de socialisation terminée, il sera difficile mais pas impossible de récupérer l’absence d’acquisition de certaines aptitudes.

Un chaton de deux mois récupéré dans la nature et non socialisé aux humains aura des difficultés à s’y habituer et il faudra de la patience pour le sociabiliser et l’aider à passer outre sa probable phobie ontogénique résultante de ses conditions de vie.

 

La totalité du développement comportemental du chat, jusqu’à au moins 8 semaines (âge légal de la vente ou l’adoption), se passe, en général, chez l’éleveur, d’où l’importance des conditions d’élevage.

=> Je conseille vivement de n’adopter un chaton qu’à partir de 3 mois.

Certaines études récentes parlent de 16 semaines. Conférence Educhateur Chatcadémie Maître 10 ans de mise à jour

C’est en effet au contact de sa mère et du reste de la fratrie que le chaton se socialise, apprend le respect, la propreté, les autocontrôles…

Plus le chaton restera longtemps avec sa mère plus il sera équilibré et apte à « vivre en société ».

La transition vers son nouveau foyer sera ainsi grandement facilitée.