Le chat ne peut éliminer correctement les huiles essentielles

Si certaines huiles essentielles peuvent être dangereuses pour l’être humain et principalement celles contenant des phénols comme le thym (thymol), la Sarriette (carvacrol), la girofle (eugenol) et des cétones qui sont neurotoxiques, elles sont encore plus dangereuses pour les chats.

Il existe 3 raisons principales :

  • 1 – La peau du chat est très fine comme celle des bébés. Les huiles essentielles pénètrent donc très vite dans son sang. Les huiles essentielles sont d’ailleurs, pour beaucoup, interdites aux enfants et principalement aux bébés.
  • 2 – La quantité d’huiles essentielles que l’on peut absorber, est comme tous produits, proportionnelle à la taille de la personne. Lorsqu’on indique 3 à 4 gouttes d’huiles essentielles pour un individu qui fait 70 kg, il faut ramener cette quantité à 1/10ème de goutte pour un chat, ce qui reste particulièrement difficile à doser.
  • 3 – La 3e raison, qui est probablement la principale : l’Homme et d’autres mammifères possèdent une enzyme (la glucuronyl transferase) qui permet de dégrader certaines molécules afin de les rendre solubles ce qui leur permettra ensuite d’être évacuées de notre organisme par les urines. Le chat ne possédant pas cette enzyme, il élimine donc beaucoup plus lentement certaines molécules contenues dans les huiles essentielles ou d’autres produits. Autrement dit, le foie du chat présente une déficience du processus appelé « glucono-conjugaison », une étape importante dans le métabolisme de beaucoup de composés. Ainsi, toutes huiles essentielles de type « phénols » sont toxiques pour les chats et causent une insuffisance hépatique, des crises d’épilepsie ou d’autres problèmes graves.

Ne pas oublier que même sur la peau, l’huile est absorbée et donc métabolisée par le foie ! L’élimination des huiles essentielles contenant notamment des phénols est lente, ce qui veut dire qu’il va mettre, par exemple, 3 jours à éliminer une certaine quantité d’huile essentielle quand les autres espèces mettront 6 heures. Si la dose est forte et/ou la durée d’administration longue et sans pause, il risque d’y avoir surcharge hépatite toxique. Les huiles essentielles vont s’accumuler dans son organisme et principalement dans son foie. Cette accumulation à la longue peut entraîner de graves soucis de santé, voire la mort de l’animal.

Autres raisons pour ne pas utiliser d’huiles essentielles avec son chat

  • 1 – Le chat possède un organe particulier, situé entre le nez et le palais : l’organe voméro-nasal ou organe de Jacobson. Celui-ci lui permet cette attitude caractéristique des félins qu’on appelle le Flehmen (Retroussement de la lèvre supérieures  avec la bouche semi-ouverte, plus mouvements de langue). Il fait rentrer l’air dans ce passage afin de détecter les signaux sémiochimiques. Surcharger cet organe en huiles essentielles peut déstabiliser le chat et le rendre agressif ou au contraire apathique.
  • 2 – Le chat est un animal qui se lèche très souvent pour faire sa toilette. Les produits pulvérisés sur son poil vont en partie être ingérés. Si la dose administrée est importante, non seulement, le chat risque de baver ou de vomir, mais encore une fois, son foie risque d’en pâtir ! Il faut tenir compte de la composition des huiles essentielles que l’on désire appliquer en évitant les huiles essentielles contenant des phénols (carvacrol, thymol, eugenol…), en limitant celles contenant des cétones (verbenone, menthone, piperitone thujone…) ou des aldéhydes aromatiques (cinnamaldéhyde) mais en privilégiant celles contenant des alcools (linalol, thujanol, menthol, terpinene 1 ol 4…) ou des oxydes (1,8 cineole).
  • 3 – Le chat possède un odorat extrêmement développé. Il est donc très sensible aux odeurs et même si sa surface olfactive est petite, il comptabilise pas moins de 70 millions de cellules réceptrices et 20 cm² de muqueuse olfactive contre 5 millions et 2 à 4 cm² chez l’homme ! Autant dire que votre ressentie olfactif avec des huiles essentielles n’est pas du tout perçu de la même manière par votre chat.

L’intoxication par ingestion se traduit fréquemment par l’apparition de troubles digestifs, avec des vomissements et une hypersalivation. Des troubles nerveux sont également observés, tels qu’un abattement, des tremblements ou des troubles de l’équilibre. Les huiles essentielles peuvent aussi causer des irritations locales pouvant aller jusqu’à des ulcères lors de contact avec la peau, voire des problèmes respiratoires en cas d’inhalation.

L’association canadienne des médecins vétérinaires résume bien la problématique : « Les huiles essentielles ont connu une popularité grandissante au cours des dernières années. Même si leur usage est généralisé, les renseignements sur leurs effets pour la santé et leur innocuité sont rares et souvent contradictoires. (…) Il existe peu de renseignements sur l’impact de nombreuses huiles essentielles sur la santé des animaux de compagnie. Par conséquent, les personnes se fient souvent à des opinions au lieu de s’appuyer sur des faits. Certains disent que les huiles essentielles sont en grande partie sûres parce qu’il n’y a eu aucune hausse du nombre d’hospitalisations malgré leur popularité grandissante. D’autres disent que les effets secondaires de leur utilisation peuvent être subtils et cumulatifs pour les expositions à faible niveau et concluent que les données sont insuffisantes pour évaluer l’innocuité. Il y a eu plusieurs cas signalés d’exposition directe à certaines huiles qui ont causé du tort ou même la mort. »

Il est impossible de lister les huiles bénéfiques et toxiques car cela dépend tellement de la quantité, de la voie d’absorption ainsi que de l’origine de l’huile (vous voyez déjà la complexité…)

 

 

L’association canadienne des médecins vétérinaires a tenté de lister une première série d’huiles dites toxiques :

trop forte concentration en phénols et en cétones

  • Amande amère (Peumus boldus)
  • Bergamote (Citrus bergamia; Citrus Aurantium)
  • Cannelle
  • Citronnelle (Cymbopogon citratus)
  • Clou de girofle (Syzgium aromaticum)
  • Eucalyptus (Eucalyptus spp.)
  • Essence de pélargonium (Pelargonium sp.)
  • Fausse-ambroisie
  • Hédéoma faux-pouliot (Haedeoma pulegioides)
  • Huile de citron (Citrus Lemonia)
  • Huile essentielle d’acore odorant (Acorus calamus)
  • Huiles de l’oranger (Citrus sinensis)
  • Huiles de pin, d’épinette et de genièvre
  • Huiles du limettier (Citrus aurantifolia)
  • If japonais (Taxus spp.)
  • Lavande (Lavendula angustifolia)
  • Menthe pouliot (Mentha pulegium)
  • Moutarde
  • Origan (Origanum vulgare hirtum)
  • Raifort (Amoracia rusticana)
  • Romarin
  • Rose
  • Santal
  • Sassafras
  • Sauge sclarée
  • Théier (Melaleuca alternifolia)
  • Thym
  • Wintergreen, menthe poivrée, menthe verte, menthe (Mentha sp.)
  • Ylang-ylang

Dre Kathleen Cavanagh, B Sc., D.M.V, MET

Consultante en rédaction en ligne de l’ACMV

Matthew Kornya, B. SC., D.M.V., résidentde l’ABPV

Consultant en rédaction

 

 

Le chat et la diffusion d’huiles essentielles

On peut retrouver également ce phénomène chez l’humain avec certains produits de synthèse (alimentation, cosmétique,) qui s’accumule lentement dans notre organisme et que l’on a beaucoup de mal à éliminer.
Il existe actuellement peu d’études sur l’utilisation des huiles essentielles sur les animaux et encore moins sur le chat.

Par mesure de précaution, je déconseille vivement d’utiliser les huiles essentielles sur votre chat en usage interne ou application cutanée.


En ce qui concerne, la diffusion d’huiles essentielles dans une pièce où se trouve un chat j’y suis opposé mais si vous devez le faire : Il conviendra de ne pas diffuser en permanence et de ne pas saturer l’air ambiant (ce qui n’est pas bon non plus pour nous, les humains). Veillez donc à ventiler la pièce et laisser une porte de sortie à votre animal. Préférez l’utilisation d’un brumisateur (eau + huile essentielle). La brume diffusée est ici composée d’eau et d’huiles essentielles : la quantité de molécules d’huiles dans l’air est donc bien plus faible qu’un diffuseur à technologie par nébulisation (uniquement des huiles essentielles, sans eau). Essayez aussi de toujours laisser (autant que possible) une possibilité à votre chat de sortir de la pièce concernée. Enfin, bien que les diffuseurs soient souvent entièrement fermés, ne laissez pas vos huiles essentielles à un endroit ou votre chat pourrait venir les goûter. Ils peuvent être attirés mais ne doivent surtout pas boire les huiles essentielles ou le mélange eau-huile !

Les vertus thérapeutiques des huiles essentielles par diffusion fonctionnent aussi sur les chats. Tout est question de choix de l’huile essentielle, de la dilution, de la méthode et de la voie d’application, du nombre d’application journalier, de la durée d’administration en n’oubliant pas de respecter des pauses et de contrôler le bon fonctionnement de son organisme.

 

Rapprocher vous d’un vétérinaire spécialisé. Évitez l’automédication !

 

Si vous souhaitez pratiquer l’aromathérapie sur votre chat, vous pouvez par contre utiliser les hydrolats, qui ne présentent pas les mêmes concentrations que les huiles essentielles et qui sont en général parfaitement tolérés par tous les organismes.