La décision est prise demain j’emmène Minette au refuge.

Il faut que je parte tôt car les enfants pourraient me voir sortir.

Je vais lui donner une dernière boîte de Sheba, elle aimait bien ce moment et

hop, dans la caisse de transport et on décolle.

Elle est coopérative, elle adore partir en voiture, elle ronronne, elle croit que nous partons en

voyage (on est parti très souvent en 10 ans ).

Je me gare, elle est calme comme à son habitude.

Premier contact avec une bénévole.

En dehors de la cage de transport, elle la renifle, se frotte à elle, elle la caresse.

Elle est sociable, ma Minette et elle aime bien rencontrer du monde.

La bénévole me pose des questions sur son caractère :

« C’est une « gentille » chatte,

facile, bien élevée ! »

Je lui donne les papiers et je la remercie. On voit bien qu’elle aime les animaux elle va bien s’occuper d’elle.

Je tourne les talons sans un regard, j’ai une journée de dingue avec ce déménagement, je suis pressé.

Minette me regarde partir, elle essaie de me suivre mais la dame le remet dans la caisse de transport.

Elle miaule, feule, elle gratte la grille … elle veut se libérer pour me rejoindre, elle voit bien que je retourne à la voiture.

Elle pousse un cri, la voiture part … … … sans elle !

J’allume la radio, je m’éloigne vite … très vite …

Elle est belle, 3 couleurs, gentille, bien éduquée, elle va vite trouver une nouvelle famille

qui aura du temps pour elle, avec des enfants, un jardin… un peu comme nous  mais ça s’était avant !

 

Vous avez lu ? vous êtes choqués ? vous comprenez ou pire vous cautionnez ?

 

 Vous parvenez à vous mettre à la place de ce monstre d’égoïsme … moi non !!!

J’imagine la peur des jours suivants, le sentiment d’abandon, l’incompréhension, tout ce que va ressentir cet animal malgré le travail fantastique des bénévoles en refuge.

Pour beaucoup, prendre un animal est devenu un caprice, un accessoire de vie voire un accessoire de mode et malheureusement s’en défaire est beaucoup trop facile !!!

La crise sanitaire associée aux confinements successifs

a encore amplifié ce phénomène « social ».

D’un côté la Protection animale déploie une énergie folle à recueillir, sauver, placer des animaux abandonnés et de l’autre, on ne stérilise pas, on continue de « produire », de vendre des chatons sur le bon coin, pire de les donner contre bons soins et on continue de les abandonner sans autre forme de procès comme on se débarrasse d’un habit passé de mode.

Je soutiens bien sûr toutes les campagnes de la SPA mais au lieu d’insister sur les adoptions il faudrait aussi montrer l’envers du décor :

Les animaux estropiés, handicapés ou tout bonnement trop vieux qui finissent leur vie dans une cage parce qu’ils n’ont pas eu la chance de croiser le chemin de LA bonne personne.

Quant à Minette, trop âgée, elle ne s’est pas adaptée à la vie en communauté de la chatterie, elle naguère sociable s’est isolée de plus en plus … les toilettes quotidiennes se sont transformées en toilettages exacerbés qui ont provoqué des plaies, puis une alopécie extensive …

La belle Tortie n’était plus que l’ombre d’elle-même et les adoptants éventuels lui préféraient les « petits » chatons tous mignons …

Elle a cessé de s’alimenter, son état de santé s’est dégradé malgré les soins qu’elle recevait.

Après discussion avec le vétérinaire de l’Association, il a été décidé de la laisser partir pour éviter que son état n’empire davantage et, surtout, lui éviter des souffrances inutiles .. .. ..